8 janvier 2009

france3.fr

Musique rock et univers christique de la bonté forment un mélange détonnant

Une jeune paysan, quitté par sa femme, vend sa ferme et part sur les routes, se satisfaisant des beautés offertes de la nature, friand des rencontres avec les gens qui à chaque fois le grugent. 

La mise en scène pièce, dont de nombreux tableaux sont ponctués de moments musicaux rock, avec où sans paroles se révèle être un pari réussi.!! Jean est comme Charles Baudelaire, il aime regarder les nuages dans le ciel, et même il joue à deviner la forme qu'il vont prendre lorsqu'ils vont s'interpénétrer. C'est un naïf impénitent qui s'amuse comme un enfant et se fait une joie des toutes les sensations que procure les quatre éléments de la nature. Une promenade dans les prés, le souffle du vent, la couleur du ciel, tout est prétexte à être heureux. Souvent, il est étendu sur le sol, puisant là une félicite primaire. !! Et lorsque sa femme le quitte pour un riche et beau parleur, il restera presque continuellement allongé sur un banc alors que le toit prend l'eau avant de se lancer sur les routes. Lors de ses pérégrinations, le fait d'être le perdant dans chacune des transactions qu'il réalise avec les individus qu'il a grand plaisir à rencontrer, au lieu de le chagriner le ravi. Il s'écrit finalement "Maintenant, il ne me reste plus que la vie". 

Ce texte, retrouvé dans les années 1990 dans les archives du Berliner theatre, inachevé et inédit, porte la marque d'un conte des Frères Grimm. On y trouve les éléments fondamentaux dont se nourriront les futurs héros comme le brave soldat Chveik.!! Plusieurs scènes sont entièrement rédigées de la main de Brecht tandis qu'une trame laconique est esquissée. !!Le héros court à sa perte mais cela l'enchante presque. C'est la gloire de la vie qui est chantée par le héros.!! Cette fable mystérieuse qui s'oppose au monde vénal a séduit François Orsoni, qui dirige le théâtre de NéNéKa, avoue être contaminé par la joie naïve qui illumine le personnage de Jean. 

Le metteur en scène, qui a pris un soin tout particulier à choisir les acteurs, a opté pour une forte empreinte musicale, dont les morceaux ont été choisis par Thomas Heuer, et pour le rêve "d'emmener sur la plateau la force et la vitalité des concerts punks". Dans ce jeu, Suliane Brahim et Clotilde Hesme - par ailleurs excellentes comédiennes, l'une toute mince, et l'autreathlétique - se lancent à corps perdu, chaloupant à tout va, sur un rythme endiablé. Ces tempos rock produisent une énergie centrifuge s'alliant parfaitement avec le thème bouleversant et si pur de la pièce ! Une mention spéciale doit être accordée à Alban Guyon, l'interprète de Jean, dont la ronde incessante vers un abîme de félicité est un hymne à la vie. 

 Jean-Claude Rongeras