7 janvier 2009

lefigaro.fr

de Brecht à Lautréamont, la jeunesse secoue

On en reparlera plus longuement, mais notons immédiatement, deux spectacles qui secouent et éveillent. Ils s'appuient sur les écrits de très jeunes gens : un Brecht de 21 ans pour Jean La Chance mis en scène par François Orsoni au théâtre de la Bastille, et un Isidore Ducasse lu avec une attention fascinée par Matthias Langhoff au théâtre de la Ville, salle des Abbesses. 

Dieu comme patient ou Ainsi parlait Isiodre Ducasse, Les Chants du comte de Lautréamont. Il s'agit, précise le metteur en scène d'un "montage et quelques mots". Quelques mots, trois comédiens engagés de toutes leurs fibres, Anne-Lise Heimburger, Frédérique Loliée, André Wilms. Et énormément d'images dans un décor très sophistiqué - et signé Langhoff - qui évoque fugitivement les tableaux de Paul Rebeyrolle. Des toiles peintes de Catherine Ranki et Matthieu Lemarié que transfigurent l'ensemble, la plupart du temps séparé de la salle par un écran sur lequel est projeté un film très élaboré conçu par Langhoff. On est sans cesse sollicité de toutes nos fibres par des écritures très denses, que ce soit celle du poète, celle des "quelques mots", celle des images d'une complexité vertigineuse. 

Côté Brecht, on en reparlera avec précision, disons qu'il s'agit d'un précipité noir, âpre, amer d'une pièce retrouvée il y a quelques années dans les archives du Berliner Ensemble, pièce inachevée inspirée à l'écrivain qui compose alors le premier Baal, par un conte des Frères Grimm. Version "rock" avec musique omniprésente, décor réduit à presque rien, petite formation de comédiens, musiciens, qui chantent et bougent, version concert déconcertante d'où le metteur en scène a arrachée toute féérie. Tel quel, un spectacle à méditer. 

Armelle Héliot