8 janvier 2009

Le journal du dimanche

Clothilde Hesme chante Brecht

Au théâtre de la Bastille, Clothilde Hesme interprète Jeanne, la femme de Jean la Chance, le héros de la pièce éponyme de Brecht. La mise en scène énergique bénéficie de quelques ajouts bien vus de musique rock composés pour l'occasion, et qui permettent à la comédienne un numéro aux intonations à la Nina Hagen. Entretien. 

Après le Marivaux de Bondy, vous interprétez une œuvre de Brecht peu jouée? 

A ma connaissance, Jean la Chance n'a été monté que deux fois en France. C'est pourtant un texte génial. Il l'a écrit jeune mais il porte déjà toute son œuvre. Et puis l'auteur est encore en contact avec la nature, c'est le Brecht qui sait parler aux étoiles. Je le trouve même beaucoup plus politique dans ces textes-là que par la suite. 

Qu'est-ce qui vous a motivé après le triomphe du Marivaux de Bondy pour vous lancer dans cette pièce méconnue?

Avant tout, c'est le désir de retrouver un groupe avec lequel je travaille régulièrement depuis une dizaine d'années. Les mises en scène de François Orsoni, le metteur en scène, me sont précieuses. J'ai beau aller ailleurs, revenir et rester fidèle me semblent très important. J'ai rencontré Alban Guyon, qui interprète Jean au cours Florent. Nous avons préparé et passé ensemble le concours du Conservatoire. C'est ma troupe de cœur. Nous nous sommes mutuellement choisis. 

Et d'où vient la forme musicale que vous avez donnée à Jean la Chance? 

C'est encore une rencontre. François Orsoni est corse et nous tournons beaucoup dans l'île. On y croisé Masto (Tomas Heuer) qui vit là-bas. Il est guitariste et ex-membre des Bérurier Noir. Nous sommes devenus amis et François qui l'a vu en concert a eu envie d'utiliser la vitalité de sa musique. Masto a composé des mélodies et on a commencé à répéter. On a posé peu à peu des mots de Brecht sur sa musique. 

Vous vous éclatez manifestement en chantant. Une première? 

Non, j'avais déjà chanté. C'est un prolongement du jeu d'acteur. J'adore cela et ça évite de rester statique, de pouvoir être dans son corps. En France, on manque de corps et d'énergie. Et cela correspond à ce qu'ont de jouissifs le texte et la pièce. On a associé Brecht à Kurt Weil. Le rock lui va pas mal non plus. 

Jean Luc Bertet