21 janvier 2009
Télérama Sortir
La chance des débutants
Un texte quasi inconnu de Brecht, un ex-Berurier Noir recruté comme interprète et chargé d’en composer la musique. On mélange le tout... Sans l’avoir tout à fait prémédité, le metteur en scène François Orsoni a dû jubiler à monter un concert théâtralisé pas piqué des vers sur un texte de Brecht... Retour sur les ingrédients qui ont fait monter la sauce.
Un Brecht de jeunesse (en guise de texte)
Orsoni tombe dessus par hasard dans les rayonnages d’une librairie. Jean la chance, un titre pas vraiment connu du répertoire brechtien, fable écrite (et inachevée) en 1919 à partir d’un conte de Grimm. Jean, ravi invétéré, y trouve de nouvelles raisons d’être heureux à mesure qu’il se trouve dépouillé par ses semblables, troquant sans profit apparent tout ce qu’il possède (femme, ferme, chevaux...)
Un Bérurier Noir (dans la distribution)
Quand il a connu Tomas Heuer allias Masto, multi-instrumentiste du légendaire Bérurier Noir reconverti en photographe, François Orsoni ignorait tout de son passé punk. Jusqu’à un concert du groupe un temps reformé aux Trans musicales de Rennes en 2004. Devant l’énergie communicative des Béru sur scène, Orsoni brûle d’embarquer l’énergumène sur une de ses distributions théâtrales. À la faveur de Jean la chance, Tomas Heuer se retrouve ainsi recruté comme interprète ; et chargé d’en composer la partition.
Le ton Brecht et le son Béru
Contre toute attente, certains textes de Brecht collent comme un gant à la guitare électrique de Masto, sans qu’un élément parasite l’autre, bien au contraire. Et entre deux ritournelles à consonance cabaret punk, le verbe anachronique de Jean la chance se déploie avec une sacrée verve, plus qu’atemporelle. De quoi transformer en aspirant brechtien quelques non-initiés plutôt portés sur la rock attitude. Et vice- versa ?
Cathy Blisson